Engorgement du cheval au pré : causes et solutions à envisager

L'engorgement des membres, fréquemment observé chez les chevaux au pré, se manifeste par un œdème, une augmentation de la température locale et parfois une sensibilité. Il est crucial de différencier cet engorgement d'autres affections comme les abcès ou les blessures. Un diagnostic rapide est essentiel pour le bien-être du cheval.

Malgré le manque de données précises sur sa prévalence, l'engorgement constitue un problème significatif pour les éleveurs et propriétaires de chevaux. Les conséquences vont de la simple gêne à la locomotion jusqu'à des infections plus graves, impactant la performance, le bien-être et engendrant des coûts vétérinaires importants. L'augmentation potentielle du phénomène pourrait être liée à l'intensification des pratiques d'élevage, avec des pâturages sur-exploités et une alimentation moins équilibrée.

Causes de l'engorgement des membres au pré

L'apparition d'un engorgement résulte d'une combinaison de facteurs, nécessitant une analyse minutieuse pour un diagnostic précis et un plan de traitement adapté. L'environnement, les caractéristiques du cheval et d'éventuels traumatismes jouent un rôle déterminant.

Facteurs environnementaux et gestion du pâturage

Le type de pâturage influence considérablement la santé des chevaux. Des pâturages riches en trèfles ou luzernes, par exemple, peuvent créer des déséquilibres nutritionnels. Des sols mal drainés, favorisant l'humidité, aggravent l'engorgement. Une mauvaise gestion du pâturage, comme le surpâturage (ex: plus de 15 chevaux à l'hectare sur un sol argileux), dégrade la qualité de l'herbe et augmente le risque d'engorgement. Une rotation insuffisante des pâtures épuise les ressources du sol et diminue la qualité nutritionnelle de l'herbe. L'irrigation inadéquate peut également être un facteur aggravant.

  • Les conditions météorologiques extrêmes (chaleur intense, humidité prolongée) augmentent la rétention d'eau et la dilatation vasculaire, favorisant l'œdème.
  • Un sol compacté, diminuant le drainage, amplifie le risque d'engorgement.
  • La présence de plantes toxiques dans le pâturage peut causer des troubles circulatoires.

Facteurs intrinsèques au cheval et à son alimentation

Les caractéristiques propres au cheval jouent un rôle essentiel. Certaines races, comme les chevaux de trait, pourraient avoir une prédisposition génétique, même si des études supplémentaires sont nécessaires pour le confirmer. L'âge, l'état physiologique (gestation, lactation) et le niveau d'entraînement influent sur la circulation sanguine et la rétention hydrique. Un cheval de trait de 700kg, par exemple, subit une charge plus importante sur ses membres qu'un poney Shetland de 200kg.

  • Des carences ou excès nutritionnels en minéraux (sodium, potassium, magnésium) déséquilibrent l'hydratation et aggravent l'engorgement.
  • Une alimentation riche en protéines et pauvre en fibres peut perturber la digestion et la circulation sanguine.
  • Le manque d'exercice physique régulier ralentit la circulation et augmente le risque d’engorgement. Un minimum de 2 heures de pâturage par jour est recommandé pour la plupart des chevaux, et des sessions de travail régulières sont également bénéfiques.

Une alimentation inappropriée, comme un excès de céréales ou une carence en vitamines, peut également influencer la circulation sanguine et favoriser l'engorgement. Un régime alimentaire équilibré, adapté aux besoins spécifiques de chaque cheval, est crucial. Par exemple, un cheval de sport aura besoin d'un apport énergétique plus important qu'un cheval de randonnée.

Traumatismes et infections comme déclencheurs

Même des traumatismes mineurs et non apparents peuvent déclencher une réaction inflammatoire et un engorgement. Des piqûres d'insectes (taons, moustiques), des blessures occultes, des parasitoses (tiques, poux) provoquent une réaction locale qui peut se traduire par un œdème. Une piqûre de taon sur le membre d'un cheval sensible peut, par exemple, se transformer en un engorgement conséquent en quelques heures.

Solutions et approche thérapeutique de l'engorgement

La prise en charge de l'engorgement nécessite une approche globale et personnalisée, adaptée au diagnostic vétérinaire. La consultation d'un vétérinaire est indispensable pour identifier la cause et exclure d'autres problèmes.

Diagnostic vétérinaire précis et examens complémentaires

Un examen clinique complet est crucial. Le vétérinaire évaluera l'étendue de l'œdème, la température, la sensibilité et recherchera des lésions. Des analyses sanguines (numération formule sanguine, dosage des protéines) peuvent détecter des infections ou des anomalies métaboliques. Une échographie peut révéler des blessures internes. Par exemple, une NFS pourra révéler une anémie due à une infestation parasitaire, facteur aggravant l'engorgement. Une échographie peut détecter des hématomes ou des lésions ligamentaires.

Traitement symptomatique et étiologique

Le traitement dépend de la cause. Le traitement symptomatique comprend le repos, l'application de compresses froides (15-20 minutes, plusieurs fois par jour) et des bandages de soutien. Des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), comme le phénylbutazone (sous prescription vétérinaire), peuvent soulager la douleur et l'inflammation. Pour un cheval de 500kg, la dose de phénylbutazone recommandée sera différente de celle pour un cheval de 700kg. Le traitement étiologique, quant à lui, cible la cause racine : adaptation de l'alimentation, traitement d'infections, amélioration de la gestion du pâturage.

  • Le drainage lymphatique manuel peut être bénéfique dans certains cas, effectué par un professionnel qualifié.
  • La kinésithérapie, avec des massages spécifiques, peut améliorer la circulation et réduire l'œdème.
  • La phytothérapie, avec des plantes aux propriétés anti-inflammatoires, peut être utilisée en complément du traitement vétérinaire, sous surveillance médicale.

Prévention de l'engorgement : une approche proactive

La prévention est primordiale. Une bonne gestion du pâturage inclut la rotation des pâtures (au moins 3 à 4 parcelles), une fertilisation équilibrée, et un contrôle régulier des parasites. L'alimentation doit être adaptée aux besoins individuels du cheval, en surveillant son poids et son état corporel. Une inspection quotidienne des membres permet de détecter précocement les symptômes. Une activité physique régulière, adaptée à la race et à la condition physique, stimule la circulation et prévient les engorgements.

  • Une rotation des pâtures permet aux sols de se régénérer, améliorant la qualité de l'herbe et réduisant les risques de surpâturage.
  • Un programme d'exercice adapté, incluant des périodes de travail et de repos, est essentiel.
  • Un vermifuge régulier et un traitement antiparasitaire externe permettent de prévenir les infestations.

Une gestion rigoureuse et une surveillance attentive sont les meilleurs garants de la prévention de l'engorgement des membres chez le cheval.

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